16.1.03

Celle-là est drôle.



Circius, débarqué impromptu vers vingt-deux heures, a passé toute la sainte nuit entre les chiottes et le crachoir, un chalumeau enfoncé dans le nez. Ce matin, je l'autorise à utiliser mon cellulaire pour pager son pusher. Ça ne prend pas cent secondes, la sonnerie retentit. Je réponds, machinalement.



«Bonjour, fait une voix chaleureuse et racée, puis-je parler à monsieur Christian Mistral s'il-vous-plaît?»



Putain, j'étais soufflé. Le pusher de Circius sait mon nom? Ou serait-ce un cochon?



«Lui-même», réponds-je, hésitant et fébrile, puis, m'enhardissant: «'coute donc, Chose, t'es bien renseigné!»



«Ici Victor-Lévy Beaulieu», de rétorquer la voix.



Double soufflé. Moi qui réponds jamais au téléphone. Deux jours que je frétille sur des charbons ardents en attendant un courriel de VLB, ne serait-ce que pour confirmer qu'il a reçu le manuscrit d'Origines, et le vieux loup m'appelle, et je le méprends pour un pusher; pire, pour un flic!



Circius se tordait de rire comme un sale con sur le plancher. Pas pu m'empêcher de lui consentir un petit coup de pied.



Il ressort que le boss a reçu le livre, l'a lu, l'a aimé, a été touché, en aurait pris deux fois plus, veut le sortir en avril pour le Salon de Québec, m'y invite, s'est enquis de mes problèmes de frigidaire et m'a offert de m'envoyer des sous (j'ai refusé, sous le coup de l'émotion), et qu'en somme ceci est un très beau jeudi.



Reste plus qu'à décrocher le Nihil Obstat de ma mère. Le livre lui est dédié, ça parle d'elle de part en part et sur la tranche, alors on rira bien ce qu'on rira, mais je le lui soumets avant de donner le final OK à l'imprimeur.

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