4.12.07

Mettre en contexte pour se mettre en train (3)

Ce retour aux affaires devrait s’appeler Vacuum III : Redux. Mais tout changer, adresse et modèles et liens, c’est vraiment trop compliqué. On attendra la version papier.

Je sais, je sais. Je n’ai rien ajouté au survol, depuis jeudi, et les plus enthousiastes soupirent aussi, se surprennent à douter… Et s’il n’avait cédé qu’à un vilain sursaut d’humeur, le Mistral? Un drogué, un soûlon, un sanguin, un rustre barbare, un pithécanthrope, un gougnafier et un fichu poseur par-dessus le marché : comment savoir avec ces bêtes-là, ces reliques d’un âge obscur où les landes au-delà de la clôture appartenaient aux loups, aux ogres, aux égorgeurs et aux escarpes, aux possédés qui savent leurs lettres et vont chassant les âmes simples avec de doux sons sur la bouche et le malin dans la prunelle, aux Gilles de Rais et aux Villon, peut-on jamais vraiment savoir? Et s’il n’avait aucune idée de là où il souhaitait aller?

S’il n’était plus que vent, désormais, dissipé avec l’ultime fumée du vin cuvé…

Et les faux culs, les pharisiens, les fourbes, se prennent à respirer plus librement pour absolument les mêmes raisons.

Sauf que non. On ne dort guère, en temps de guerre. C’est fortement déconseillé. Sun-Tzu n’en parle pas beaucoup, Von Clausewitz non plus, de ce qu’une armée d’un seul homme est supposée prioriser : stratégie, tactique, logistique, discipline et moral se disputent l’attention, l’énergie d’un seul esprit dans un seul corps, qui ne peut se reposer sans péril et qui, sans repos, perdra pourtant assurément.

Il va falloir prendre patience encore un peu. Rien de ceci n’aurait de sens si ma voix s’adressait au silence, à moins de consciences qu’il n’en faut pour atteindre la masse critique, le strict minimum de bonnes volontés qu’il faut pour avoir une chance de résister aux forces démesurées que je vais dénoncer, pour empêcher ce qui arrive d’aller plus loin, non par principe ni par orgueil mais pour sauver mon envie même de continuer à vivre et à écrire, deux mamelles d’une seule bête-mère. Je suis armé de mots, bien sûr, mais aussi d’une durable réputation de franchise et de dédain pour le faux, le conditionné, le politiquement rectangle, et mon dernier recours est de faire appel aux derniers de mes semblables encore libres, capables de penser par eux-mêmes et de se faire une opinion propre.

Ce blog est inactif depuis trois ans. Je visais en le rouvrant un retour minimal au taux de fréquentation antérieur, qu’il m’avait fallu un an pour atteindre, et je me donnais une semaine pour ce faire, à défaut de quoi je m’y mettrais quand même, car ceci ne peut attendre.

Or, en deux jours, ce chiffre a été atteint, doublé puis triplé. Triplé! Jamais eu autrefois, cependant, tant de visites singulières depuis la Franche-Comté, encore moins une telle affluence accourant de Colombie-Britannique, à croire que l’Alsama n’existe pas, que le pays s’est rabougri comme peau de chagrin ou un scrotum après le surf. À croire que des gens, là-bas, sont soudain saisis d’un grand désir de suivre le blog d’un écrivain Québécois. N’est-ce pas curieux?

Mon courriel initial aux gens de mon réseau, leur demandant de passer le mot (parents, amis, nerds, collègues, étudiants, journalistes influents, certaines catégories se recoupant), puis les blogueurs de notre tribu soufflant sur les étincelles, puis deux chroniqueurs web au lectorat immense, aux conseils respectés, tous deux rencontrés sur la Toile aux temps héroïques et devenus des chums pour moi et moi pour eux, ces deux-là faisant ronfler la fournaise au naphta, font qu’on va pouvoir s’y mettre sous peu.

À mon rythme, cette fois, et sur le champ que j’ai choisi, ainsi que je l’ai promis à l’inénarrable Stanley Péan la semaine dernière. Faudra d’abord finir mon bref survol, puis je passerai à Stanley, qui est un homme très occupé comme chacun sait et qu’il serait grossier de trop faire attendre (pas un instant de plus, je m’y engage, qu’il n’en faudra à mon conseiller pour finir d’étudier les éléments rassemblés et m’exposer mes options).

Ensuite, eh bien, je pourrai enfin entrer dans le vif du sujet et confronter une bonne fois le démon blond au cœur empoisonné de l’hydre : le moyen que je vois, c’est une douche écossaise, mais misère, ce sera délicat, sans doute le texte le plus difficile que j’aurai jamais eu à construire.