21.9.08

Double Dan

Deux Daniel ce soir à TLMEP. Un qui n'était pas plein d'air et d'idées empruntées. Talking strong cheese and you didn't even think stink. L'autre, celui qui détourne mes textes, talking bullshit as usual, and the smell, welll... Ce type est pourtant brillant, brave sinon courageux, et son talent pour motiver, captiver, rassembler est sans égal, et son coeur est grand comme un trois-mâts dans une bouteille d'Absolut fabriquée pour souler Berlin l'an prochain quand ils fêteront la chute du Mur, faque ça me débine qu'il donne la moitié de sa mesure, I don't care how many medals they shower him with.
 
Vous souvenez quand j'ai pogné les nerfs le six septembre? Un billet, deux billets, trois billets.  Or, je connais mon lectorat (c'est vous autres, ça), je vous connais pas personnellement, je connais les courbes de flux et de reflux, je sens quand vous attendez que je redescende et que vous vous dites il se paie une colère noire, chic chic chic, il est plein de pisse et de vinaigre et de drogue et de boisson, on va bien rigoler, et de fait ces jours-là les visites augmentent d'un tiers, je vous fais triper gratis pire qu'un cracheur de feu sur échasses Place Jacques-Cartier, pire parce que lui vous lui pitchez des trente sous et qu'il peut voir vos sales gueules. Et il y a les autres, ceux de vous que ça ne concerne pas, ce qui précède, depuis ceux qui ont déjà eu un mot gentil, jusqu'à ceux qui en ont souvent, la Tribu, et ceux aussi qui n'ont jamais écrit mais qui ne sont pas comme les regardeux d'accidents et les coureux d'incendies. Et ceux qui ne viendront jamais ici, ils sont légion, ils sucent le suc des mots comme des coquerelles sur des centaines de forums débiles et dégoûtants et décourageants et désâmants comme celui-ci, la Toile en est pleine, même la crisse de BIBLIOTHÈQUE NATIONALE émet cette fiche (1986-2006 [enregistrement sonore] : 20 ans de musique québécoise): quinze chansons, quatorze auteurs, un Bigras.

Les Québécois aiment les chansons à texte, même les kids qui sauteraient une coche si on les accusait de ça, qui croient triper sur la meusik pis la grosse guit au fond, dude, s'ils sont Québécois, ils répondent aux mots d'abord, c'est vrai des secrétaires et des truckers, c'est vrai des chauffeurs de taxi blacks et des barbiers italiens et de mon dépanneur coréen, sont Québécois francophones, Y TRIPENT TEXTE! Ces hosties de puants de zouaves qui grouillent sur les forums ne s'échangent pas des partitions, ni des mp3 instrumentaux, ils ne s'échangent même pas la voix des interprètes, les chansons ils les connaissent déjà, mais ils ne s'arrêtent pas au titre, ils s'émeuvent de chansons qui les ont touchés puis se les citent à pleines pages sans jamais faire la différence entre une toune de Richard Desjardins et une toune de Dan Bigras (sur ce forum, par exemple, vous trouverez deux morceaux grandioses de Gilbert Langevin qui constituent l'apogée, la somme de ce qu'il apprit de la poésie durant toute une vie consacrée à son art, sacrifiée à son art, bout de viarge! et attribués à Bigras). Vous voulez savoir comment il écrit, Bigras? En 1998 il enregistrait Le déserteur. Cherchez pas, c'est pas écrit qu'elle est de Boris Vian. C'est écrit Dan Bigras. Il écrit pourtant pas comme Boris Vian,  Dan Bigras. mais c'est pas faute d'essayer. Il écrit comme ça, Dan Bigras, en 2003. Je trouvais ça chien, que les mongols de radio à Québec lui aient busté son gros contrat avec Canadian Tire, mais j'étais tellement soulagé de ne plus l'entendre que j'ai épongé une dernière fois le sang de mes oreilles et n'ai rien dit pour appuyer sa cause, ce qui ne me ressemble guère. Mais mon coeur et mon estomac me murmuraient de concert:«Qu'y mange de la marde!» La poursuite s'est évaporée, on a étouffé l'affaire à Montréal, le poème L'enfer du président est devenu la chanson Malbrook et le président (sa graphie phonétique pour le Marlbrough de la comptine: pas sa faute, c'est juste pas son truc l'écriture, mais quelqu'un aurait pu le lui dire) gravée sur l'album Fou en 2005. Le texte a un peu changé: Dan y introduit ce tampon entre lui et le message, ce Malbrook immatériel et vague, et surtout il modifie discrètement la fin qui lui a causé tant d'emmerdes, celle où il menaçait de tuer le président des États-Unis. À part ça, c'est la même toune fidèle au poème, héhé. Astheure, s'il y en a qui voient pas la différence entre un texte de Vian et ça, allez vous pendre s'il-vous-plaît.

Le 6, vous disais-je. J'ai écrit au triumvirat qui gouverne La Presse de même qu'à la journaliste. Elle m'a répondu en premier, avec tant de tact et de gentillesse et de simple décence professionnelle (du seul fait qu'elle me répondait) que je me suis déclaré satisfait. Elle m'a bien raconté un truc très dur à gober, à l'effet que Dan avait mentionné que j'étais l'auteur des deux textes en cause mais que des contraintes d'espace avaient forcé une omission malheureuse. Je m'en suis dit plutôt surpris, vu qu'en seize ans Bigras n'a jamais dit ça, mais que pouvais-je faire? Si elle voulait le défendre, j'étais pas pour la traiter de menteuse.

Ça serait resté là. S'il n'y avait ce papier du 14 dans le J de M qui reprend la même crisse de chanson! Tabarnak! Ses succès, son oeuvre. Depuis quand Soirs de Scotch est-il un succès vocal de Bigras, calvaire. Non, pas de point d'interrogation, c'est une question rhétorique qui n'appelle pas de réponse. Renée Martel s’est laissée bercer par Soirs de scotch (que Dan Bigras avait écrite pour Luce Dufault). Hein? Kossé, calice? Keski dit encore, là?

Mon ciboire de joker. Écrire, moi je le sais, ce que c'est, Dan. Je le sais comme ton père le savait, en fait je le sais même mieux, et les guirlandes de mots que je vais te tresser autour vont éviscérer la balloune pourrie qui restera de ton imposture artistique quand tout le gaz qui la gonflait s'en sera échappé.

Fais donc des documentaires, mène des projets sociaux utiles, t'es génial là-dedans, tu dois rien à personne là-dedans, t'aime même pas chanter, t'as jamais aimé ça hostie!

Chu en beau sacraman pis la retenue avec toi revient à chier dans une contrebasse, faque filons un ou deux autres paragraphes, j'ai besoin de me fatiguer. T'as eu l'air d'un moyen cave d'essayer de faire fondre Louise Marleau hier soir après t'être aperçu que ton trait démagogique sur Trudeau tombait flat. C'est pas une de tes pitounes rockeuses, calvaire; si elle est sortie avec Trudeau y a quarante ans, c'est sans doute qu'elle le trouvait intéressant. Tu parles d'une hostie de goujaterie honteuse à sortir, toé. Chaque fois que tu passes à cette émission, le Québec des régions qui se méfie des artistes de Montréal chauffe le Net au rouge! Pis ta brillante stratégie d'envoyer chier flics et politiciens va beaucoup aider le climat dans Montréal-Nord!

Tu devrais vraiment, vraiment pas voler ton vieux chum. Malbrook indeed, Danny Boy. Malbrook indeed...

9 commentaires:

Mek a dit...

Depuis qu'un trisomique l'a chantée dans une télécroutitude concouristique, toute la France est en amour avec Halleluïa de… Jeff Buckley (!?!). Mon sang ne fait qu'un tour et je pourrais briser de la décoration. Sérieux, tabarnak. Cohen doit encaisser ses chèques avec une genre de grimace…

Mistral a dit...

D'où les retraites bouddhistes zen, I guess. Remarque, son agente a filé avec tout son pognon tandis qu'il psalmodiait ses mantras, il peut pas grimacer autant que cette fois-là aux news. Duddy Kravitz reprenait le dessus sur le Lama, on croyait entendre le spectre de Mordecai se gausser de Leonard, anyway lui semblait l'entendre.

Gaétan Bouchard a dit...

Le monde est rempli de faux-culs qui se donnent des auréoles de bonté, s'inventent du missionnariat, chantent les tounes des autres sans les citer, crachent sur Trudeau et Emmanuel Bronstein (l'ennemi du peuple dans le roman 1984).

Tout ce que ça mérite, c'est de l'argent Canadian Tire.

Gaétan Bouchard a dit...

J'ai relu Malbrook et le président.

C'est un texte minable, quelque chose qui ne vole pas plus haut qu'un travail scolaire effectué à la dernière minute.

Mistral a dit...

Nan, nan! C'est une refonte somme toute assez substantielle du poème original, et qui a pris du temps.

Mistral a dit...

Dan est vraiment un homme bon, you know. Il fait pas ce truc auprès des kids par opportunisme. Son rapport à l'écriture est ancré ailleurs. Sa fameuse zone d'ombre. Faut savoir qui était son père, et leur histoire.

Pas Bronstein? Pas 1984? Ce vieux Trots...euh, Bronstein.

Tu vas pas commencer à présumer de ce que je sais ou pas ce matin, hein, Butch? Si je le sais pas, vais demander. Remercie plutôt Kevin pour la correction sur ta citation voltairienne erronée.

Gaétan Bouchard a dit...

Moi ce que je sais, c'est ce que je lis: un texte poche.

Le reste, je ne le sais pas, c'est un fait.

Je vais rendre leurs lettres de noblesse à Buffon et Kevin pour ma citation erronée. J'ai la mémoire plus solide que ça d'habitude. Je dois être en train de me vider de ma substance cognitive.

Mistral a dit...

Tention, stie! T'en répands partout sur mon beau shaggy!

Yvan a dit...

Monsieur Bigras,bonjour.
Sa voix m'a jamais fait tripper mais c'est un détail comparé à toute la merdasse que j'apprends ici sur la parenté de certains de "ses" textes et parce que son art relève justement de la force évocatrice des mots.
Je vais y revenir monsieur.

Daccord avec toi Mist, pour le rassembleur social authentique
qui essaie sincèrement de changer les mentalités dans sa communauté en voulant améliorer le sort des jeunes sans-voix et sans-abri, en posant des gestes concrets et qui
leur donne du temps de vie qu'il pourrait passer autrement.
Je le remercie pour cela parce que
c'est rare de voir un artiste véritablement social-démocrate qui met les mains à la pâte sociétale.
Gros crédit Bigras sur mon ardoise québécoise.

Mais...(il est très gros le "mais")
C'est un argument très relatif et assez peu crédible pour contrer une charge en règle justifiée envers la trahison d'un ami envers un autre.C'est la pire de toutes,
et le Bigras social n'a rien à voir avec le Bigras personnel, ici en ce moment.

Me faire trahir par un vendeur, soit; c'est une mauvaise journée voire une mauvaise semaine.
Être trahi par un ami,c'est un couteau au coeur qui reste longtemps.Non seulement ce couteau est voleur, mais il blesse profondément.

La faute est doublement cruelle dans mon livre.

"Je ne suis pas triste parce que tu m'as trahi, mais bien parce que je ne pourrai plus te faire confiance"

Friedrich Nietzsche.
-"Par delà le Bien et le Mal"