13.8.10

Vigneau, numéro VI

Ce cher Kevin sort du parc de La Fontaine et nous concocte une fable entièrement de son cru en résonnances acadiennes que je m'empresse avec une joie immense de partager avec vous.

Le Bouseux du Village
« Fable fausse ficelée sur un fidèle fait divers »
Kevin Vigneau



Y’avait un bouseux dans la place
Qu’on nommions le Havre-Aubert,
Tellement perdu que jamais sache,
Où c’est qu’étions rendue sa mère ;
Même si cachée à côté de lui
A lui ramonait les oreilles,
Poussant un wak :« Fau’que tu t’essuies
De la tête jusqu’aux orteils,
Pis surtout pas en oubliant
D’où vers dehors vient le dedans ».

Tout son travail, c’était la terre,
Y avait jamais su pêcher,
Pour lui la mer, c’était misère,
Y pourrions jamais que bêcher.
Y’avait deux moutons et trois poules
Trois quatre herbages à récolter
Pi’le bord d’la plage et pis les houles
Assis sul cul à radoter.

Toujours crotté dans sa grand peur
De voir la marée qui s’approche
Jamais à cause de son odeur
De créature vira tout croche.
Après le chiendent et les fumiers,
Prenait sa pause dans l’étable,
Plutôt qu’au large sous les huniers
Avec l’espoir d’action notable
Où’l vent l’aurait pt’être parfumé.

Après une coupe de s’maines de même
Pis une décade et des années
À virer blanc à virer blême
Toutes les familles s’en viennent tannées,
C’est que ça jase au Havre-Aubert
Quand un jeune veille aux écuries.
Les nonnes, l’abbé, c’est la curie,
Faut qu’on l’évade, ce pauv’ Norbert,
Ça c’est son nom, j’lavais pas dit.

Fa’que v’la t’y pas que vient son père,
Voir son enfant dans bergerie
Foutant semence dans cul pubère
De la plus jeune des brebis.
« Qu’est-ce tu fais-là, toi mon engeance ! »
Qu’eule Vieux d’un Rien de peur s’écrie,
« Je cherche une pelle dans la dépense
Pour désharber les pissenlits »
« Tu cherches une pelle, toi mon étron,
Dans le fond du cul de ma brebis,
Savais-tu pas que la dépense,
Est à côté de l’établi ».


À tout village qui demande
Une grande et vierge pamoison
Faudrions bien qu’il se commande
À lui-même avant la moisson.

12.8.10

Et de cinq!

MakesmewonderHum se manifeste à son tour, en grande forme, avec L'Oure pis les deux gâ...

Comme elle est réjouissante, cette avalanche!

© 2010 Michel Plamondon

Au tour du Plumitif de nous régaler d'une affabulation joualisée! Riches, les rimes. L'oeuvre est .

Ça fait quatre: Blue doit rougir de plaisir...

10.8.10

deul beurrer ben d'aplomb pour l'avouère

Notre cher tribal Terrible, Yvan dit Lafontaine, s'est fendu d'une fable juteuse en joual traduite d'un obscur patois qui s'appelle, je crois, le français.

Je l'ai beurré ben d'aplomb pour l'avouère, mais je l'ai eu, pour notre plus grand bonheur et notre édification. Who's next? Que deviennent Lady Guy, OldCola, MaxCat et PatLag et Johnny Bee et Réjean Ducharme et Anne Archet et Big Mac et Butch et tous vous autres tristes Tribaux fainéants de l'accent?

5.8.10

La Gornouille qui veut forcir autant que l’Beu

Voici, à la faveur d'une insomnie, ma réponse au joli défi que m'a lancé Blue. J'ai respecté la stucture de la fable originale.

La Gornouille qui veut forcir autant que l’Beu

Fa qu’une fouais c’t’une gornouille : a spote in Beu,
Ène méchante amanchure de steak, toé!
Elle, qui pèse pas ben plusse qu’une mouche à feu,
Tu suite est jalouse pis a s’ma engraisser
Pou v’nir au moins aussi toutoune.
A dit à sa seu : «R’gâr ben au lieu d’fé la baboune!
C’tu correct, là? J’ai-t-y assez grossi?
-Ben non. –Pis là? –Pantoute.
Pis de même? Chtu grassette?
Jamais dans cent ans.»
La tite niaiseuse de ouaouaronne, esti,
A s’gonf tell’ment qu’a pète au frette!

Dans l’monde c’est plein de caves pareils,
De p’tits trous d’cul qui veulent êt’le grand boss,
Le chien d’poche envie au Danois son os
Pis l’maringouin s’prend pour une abeille.

2.8.10

Cadeau de biloute




Blue, notre Ch'ti résidente, m'a fait parvenir il y a quelques mois une perle dont je n'ai pas eu jusqu'ici l'occasion de parler. Il s'agit d'un bouquin de fables en ch'ti, pur patois picard du nord, étrangement intitulé Fablenchti (Auteur: Jo Tanghe, Éditions GabriAndre).

En voici un extrait, traduction d'un morceau de Jean de La Fontaine, dont je vous laisse le soin de reconnaître l'original...

Eul’ guernoule qui voulot éte aussi grosse qu’eul bœuf

Un jour ein’ biell’ guernoule qu’y’ étot sortie d’l’étang
Pou s’cauffer au solel aperçot un géant.
Ch’étot un bœuf qui v’not à l’mare pour boir’ un d’mi.
A vir ein’ si gross’ biêt’ eul’ guernoul’ fut saisie.
Elle se dit in ell’ même « j’ai invie d’essayer
Eud fair’ grossir min vint’ afin d’li arsembler »
Et l’v’la qui comminche à faire infler sin corps
In d’mindant à s’petite sœur « j’y sus point incor ? »
Eh bé non. – Et à ch’t’heure ? – Te n’ n’est lon. – Bon, et là ?
- T’as bieau fair’ euj sus sûr que t’y arriv’ras pas.
- Eh bin ch’est ch’qu’on va vir ». Mais à forc’ eud gonfler
Ses boyaux dins sin vint’ ont fini par péter.
Ch’est triste mais au fond, in busillant bin
Dins la vie ch’est parel. Et y a toudis des gins
Qui n’ont jamais assez, et te vos des machons
Qui voudrottent rouler dins l’autio d’leur patron.