30.8.04

Ego trip

Mon peuple fait un méchant ego trip à rebours. Envies de décrocher ma canne du mur et de varger à vastes moulinets dans le tas bêlant. En eux, l'humilité n'est plus une vertu, c'est un vice devenu. C'est à qui s'aplatira davantage: des brebis dans un concours de limbo. Je sais des cas qui aiment mes livres mais ne les lisent pas tant ma confiance en moi les insupporte. Je les connais depuis longtemps, nous allions à la petite école ensemble, déjà: fallait prendre soin de n'avancer pas trop vite, de peur de les perdre dans la brume. Foutu paquet de peaux molles, charognes de zombis, sépulcres blanchis!

26.8.04

Fantasme

Si le bon diable me prête vie, et si les anges reviennent se percher sur mes épaules pour me soupirer quoi écrire aux oreilles, je ferai pour elle un livre de lumière.

VOIR

Marie Hélène Poitras signe un intéressant papier (L'écrivain et son blogue ) dans le Voir d'aujourd'hui.

Voici le compte-rendu intégral de notre échange cyberépistolaire.


MHP: Depuis quand tenez-vous un blog, un journal d’écriture sur le web?

CM: Ma première entrée remonte au 31 mars 2002, dimanche de Pâques.

MHP: De quelle nécessité cet engagement a-t-il vu le jour?

CM: Celle de communiquer sans me battre physiquement et, paradoxalement, celle de régler des comptes avec le monde, d’agir directement sur lui, sans intermédiaires. Un soir, en proie à un profond désarroi, j’ai marché jusque chez mon fils, j’ai jeté son co-loc dehors, on s’est installés en famille dans un coin du foutoir et j’ai vidé mon sac en attendant la police, j’ai chialé comme un gosse, puis mon kid m’a parlé doucement de je ne sais plus quoi, sauf qu’à la fin j’avais décidé de me brancher.

MHP: Pourquoi écrire un journal « on line » et non pas tout simplement un carnet fermé? Désir de dévoilement?

CM: Je suis écrivain. Publier ce que j’écris m’est naturel. Demande-t-on au castor pourquoi il érige des barrages avec le bouleau qu’il abat?

MHP: Est-ce que cela nourrit votre pratique d’écriture, si oui en quoi, ou est-ce quelque chose qui se fait en parallèle de votre univers romanesque ou poétique?

CM: J’ai résolu ce problème en considérant le blog comme un livre à part entière; la première année, je l’ai bâti comme un roman, privilégiant quelques personnages forts et récurrents, fignolant la chute. Puis, je l’ai publié sur papier en l’intégrant à mon cycle romanesque. Ça a fait râler.

MHP: Est-ce que votre lectorat du blog diffère de celui qui achète vos livres?

CM: Le premier est aussi le second, mais pas l’inverse. J’estime qu’un dixième de mon lectorat-papier est aussi visiteur assidu de mon blog.

MHP: Quelles dispositions est-ce que ça demande, le fait de tenir un blog?

CM: Un engagement, comme tu l’as si bien dit. Au début, c’est fiévreux, puis la température baisse. D’une part, c’est addictif, d’autre part il arrive qu’on veuille fermer boutique. Ceux qui se lancent avant d’avoir répondu aux questions essentielles ne durent pas. Qui écrit (de toutes nos personnalités)? Pourquoi? Pour qui? Quelle sorte de rapport est-on disposé à entretenir avec le lectorat? Va-t-on lui permettre d’intervenir ou pas?

MHP: Diriez-vous que le blog est au roman ce que la télé-réalité est au télé-roman?

CM: On l’a suggéré dans le cas de mon livre Vacuum. On a parlé de roman-réalité. J’ai trouvé ça intriguant, sans trop savoir ce que j’en pense.

MHP: Patrick a déjà annoncé qu’il s’écœurerait un jour, et qu’alors il lâcherait tout…
Avez-vous déjà eu l’envie d’abandonner votre blog? Craignez-vous devoir l’enterrer avant de mourir?


CM: Patrick est rusé, c’est un écrivain professionnel qui a étudié les erreurs de ses prédecesseurs qui se sont pétés la gueule sur un monceau de promesses. Il sait qu’il ne faut pas en faire. Par ailleurs, j’espère vivre plus longtemps que la forme du blog, qui est transitoire comme tous les outils révolutionnaires.

MHP: Avez-vous une éthique de blogueur, y a-t-il des choses que vous n’oseriez écrire, trafiquez-vous les noms de ceux dont vous parlez? Y a-t-il une limite, une ligne que vous ne franchirez pas?

CM: Bien sûr. Qui n’en a pas? Longtemps, j’ai eu en exergue du blog une citation de Joyce : «Il faudrait pouvoir tout dire». On ne m’a jamais demandé de préciser, et il va de soi que je ne l’aurais pas fait.

MHP: Est-ce que vos lecteurs réagissent et vous écrivent?

CM: Ceux qui sont assez malins pour dénicher mon adresse le font. Je publie sporadiquement une circulaire à laquelle ils peuvent s’abonner gratuitement, et mon site officiel comporte un Forum très vivant. Au bout du compte, je corresponds régulièrement avec quelques-uns d’entre eux, quand mon histoire d’amour m’en laisse le temps. Mon histoire d’amour avec une blogueuse. Nous nous sommes découverts par ce biais l’an dernier. Je ne me souviens plus qui a écrit à l’autre en premier.

MHP: Quand, dans la journée, vous installez-vous pour alimenter votre blog?

CM: C’est comme aller pisser : quand l’irrésistible envie prend. Ou que le besoin se fait sentir.

MHP: Y a-t-il des règles tacites liées à l’expérience, et ici je m’adresse tout particulièrement à Christian, qui tient ses Quotidienneries depuis des lunes.

CM: Le blog est fascinant pour ça : les règles s’élaborent à mesure, l’univers est en expansion et si des lois le régissent, on ne les a pas encores découvertes.

MHP: Qui sont vos blogueurs-modèles?

CM: Je n’en ai pas.

MHP: La question à dix piastres : est-ce que ce que vous écrivez sur le blog est de la littérature, au même titre que ce que vous publiez dans vos livres?

CM: Assurément. À preuve, la paye est aussi pourrie. Dix piastres?

MHP: La chose la plus surprenante qui vous soit arrivée dans votre expérience du blog.

CM: Rencontrer Sakurako.

23.8.04

Carburer

Livré un texte à McComber pour un prochain numéro de Moebius. M'a paru très, très content. L'ennui, c'est qu'il m'en a coûté soixante-cinq dollars de carburant pour en gagner vingt. La littérature de haut vol est un sport ruineux.

17.8.04

Grand cru

Non, je ne parle pas de moi.

C'est de bagosse qu'il s'agit, à base de miel et de raisin blanc, tout un gallon, gracieuseté de Kevin, maître-brasseur. Ça fesse en chien. Titré à 20, 25 pour cent. Moelleux en bouche, un régal pour le palais. Je me soûle piane-piane, à petits galopins où viennent se noyer un moucheron après l'autre. J'y trouve mon compte de protéines.

Sophie sait toujours aussi bien m'aimer. Toujours mieux, toujours plus. Sa devise: Too much is never enough. On plane. La vita e bella.

14.8.04

Comptables et Petits Villages

Laverdure me refile le nom d'un comptable qui aime et sauve les écrivains du grand méchant gouvernement. Paraît que lui-même, Tony et Marie-Hélène n'ont eu qu'à se féliciter de l'avoir consulté. À voir.

Parlant de Bertrand, il vient tout juste de me révéler qu'il tient un blog depuis l'an dernier. Expérience intéressante et diablement originale: «Tout ça est assez rudimentaire, mais l'intéressant, dans ce projet, c'est qu'il suit, comme un log book de capitaine, toute la traversée éditoriale, toute l'aventure que représente la création d'une maison d'édition (aussi miniature soit-elle), semaine après semaine, englobant les discussions avec les auteurs, les prises de position éditoriales et les commentaires de l'éditeur sur le dossier de presse qui se constitue, petit à petit.»

13.8.04

O Canada!

Quand le gouvernement fédéral a une idée en tête, il ne l'a pas dans le cul. Le fric qu'il me refuse de la main gauche, il me le réclame de la droite. Main gauche, main droite, outils de strangulation. Coup au foie, uppercut au menton... Mon éditeur m'informe que l'Agence des douanes et du revenu le somme officiellement de retenir mes droits d'auteur jusqu'à concurrence de 3 184 $. Sous prétexte que je n'ai pas produit de rapport d'impôts depuis vingt-cinq ans. C'est pas ma faute, j'ai pas eu le temps, j'allais m'y mettre justement, pas de farce!

11.8.04

Fatalis

Fatalis, mon livre-poème, est finalement disponible à nouveau, republié en ligne par la Fondation littéraire Fleur de Lys.

9.8.04

(Vlan!) Dans les bourses...

Dans sa grande sagesse, le Conseil des Arts du Canada vient à nouveau de me refuser une bourse.

Je ne dirai pas que ma vie en dépendait, ni mon bonheur avec Saku: ce ne serait pas vrai. Mais enfin, c'eut été bien de pouvoir payer le loyer, garnir le frigo, acquitter les factures de câble, d'internet et de téléphone, rembourser mes amis, éponger les frais de scolarité de mon fils, emmener ma blonde à Bordeaux, sauver mes incisives supérieures au moyen d'un traitement de canal, écrire en quiétude...

6.8.04

Soirées provençales

Hier, visite de cousin JF Moran avec de nouvelles moutures de chansons dans son sac à malice, dont Vers à soie que j'ai écrite pour lui et que j'offre aujourd'hui en primeur à mes lecteurs.

Saku et moi faisons du mois d'août un festival provençal improvisé. Nous passons nos soirées, entre deux étreintes passionnées, à visionner de vieux films de Pagnol et à nous lire à voix basse des Lettres de mon moulin. Le temps file, zou! je vous dis pas...

4.8.04

La fin du début

J'ai mis la dernière main au chapitre 10 de Goth, m'acquittant ainsi de mes joyeuses obligations envers le journal ICI. Bouclé en beauté, torché une chute puissante, ouverte et fermée à la fois. Suis si content d'avoir fini: Sophie et moi allons fêter ça avant que je ne réalise que je ne fais que commencer.

Allant faire le plein au dépanneur, j'entends la petite fille du rez-de-chaussée m'interpeller gaiement de sa fenêtre: «You're the guy who writes books!»

Yes. I guess I still am.

2.8.04

Nécessité récurrente

Il en est qui diraient, certains déjà disent que j'ai laissé un imbécile en sang hier sur le gazon des Catacombes, en plein centre de la cour de création. Qui dira mon dégoût de la violence et de sa nécessité récurrente?

29.7.04

Écran de fumée

Hier, feux d'artifice de clôture du festival (de feux d'artifice). Jean-Christian est venu. Avec Sophie, on est montés chez Christian-Gilles, qui a vue sur le sud. Quatre personnes dans le noir sur le balcon, trois Christian: mélangeant. CGDR a déménagé du 10ème au 8ème pour accommoder les projets hôteliers du propriétaire: la perspective sur le port en souffre. Anyway, le smog était si gras qu'on n'a pas vu grand-chose à part des lueurs bibliques stroboscopiques. Ça a donné le goût à Saku de danser pour moi, danser une danse de banshee concupiscente sur un air de Donna Summer en boucle.

Mardi, croisé Nathalie Rochefort à L'Esco. Obtenu sa permission d'utiliser son nom dans un épisode crucial de Goth, celui où elle invite des jeunes de la rue lors de son assermentation à l'Assemblée Nationale. J'espère qu'elle s'en souviendra: la rouge était plutôt joyeusement grise ce soir-là. Moi-même, n'ai-je pas oublié de souligner que Tony Tremblay nous a payé une tournée de shooters de Tequila?

28.7.04

Damon et Pythias

Kevin me manque. Pas trouvé le moyen de l'empêcher de se tuer à l'ouvrage.

Passé à L'Escogriffe hier avec Sophie. Peluso s'y produisait, puis Nick Landré, chacun interprétant une mienne chanson. Claude, une fois n'est pas coutume, est venu encourager son cousin. La place était pleine. J'ai toujours aimé cet endroit, à travers ses changements de nom, depuis qu'à quinze ans j'y voyais Gilbert Langevin monter sur les tables et délirer solide. Hier, Richard Gingras (le libraire du Chercheur de Trésor) et moi l'avons évoqué, puis on a causé de Kevin, un si bon client, et de la Bible en images.

27.7.04

Resistance is futile

Le speech de Barack Obama à la convention Démocrate fait rêver: on entrevoit peut-être le premier président black des Youessé. Le type n'est pourtant qu'un aspirant au Sénat, sans adversaire Républicain parce que Seven of Nine n'a pas voulu sucer son mari à Paris.

25.7.04

L'éléphant, l'ours, le dragon...

Sophie et moi, le dragon de sa fesse et l'ours de mon coeur, sommes allés à la messe. Dans un lieu où débarqua Jacques Cartier, en une église où pria Champlain. Ma famille, toute ma famille, venue de partout au Canada, sauf mon fils qui ne vint pas, se rassemblait en mémoire de l'éléphant, Hector, mon grand-père, mort il y a vingt-cinq ans. Après un somptueux repas au château de ma mère, nous sommes allés à Saint-Marc nous recueillir sur la tombe du patriarche. Au retour, nous avons fait l'amour avant de regarder tantôt Jean de Florette, tantôt nous-mêmes dans le miroir, la vaste glace engoncée dans un cadre de style colonial que CGDR nous a cédée en déménageant.

24.7.04

Générations

«They say time is the fire in which we burn»

Malcolm McDowell (Dr Tolian Soran)
Star Trek: Generations

22.7.04

Virus

Pat a attrapé la fièvre. La fièvre du blog. Il poste comme un malade avec sa candeur cruelle habituelle, n'épargnant personne et surtout pas lui-même, entrelardant le tout de tendresses fugaces.

20.7.04

Pas sérieux

Je n'entretiens pas sérieusement ce lieu. Je vois Guig, Hans, et je n'en parle pas. Je cuis dans un four de velours et je n'en pipe mot. JF débarque avec l'envie de boire et on n'a pas un rond, puis Dominique survient avec deux caisses de 24, et motus!

Hier, barbecue avec Sophie, Kevin et Cynthia dans le jardin des Catacombes.

18.7.04

Comme un saumon qui charrie sa chair rose en remontant aux sources

Comme un saumon qui charrie sa chair rose en remontant aux sources, incontinent mais sans malice, instinctif et princier, plein d'expérience, impatient sourcil, souffle succint, comme enfin cette bête belle qui ne se mangera qu'à l'issue d'un noble et généreux combat, je suis reparti dans le temps, cherchant ce qu'elle écrivait, et comment. Prêt à endurer une dose de déception, de relecture éclairée, de propos fades et pondérés. J'aurais coupé, oui, coupé mon senestre annulaire contre l'assurance de parcourir à nouveau ses vieux posts avec l'infrangible joie si rare en lettres. Mais rien ne me laissait soupçonner que j'en reviendrais encore plus troublé, ravi, full planche groupie que la première fois, ni d'autant plus fâché qu'elle s'y mette ou non selon son caprice, ni d'autant plus en christ d'être un poisson qui, goûtant l'hameçon, n'en peut plus de prier Poséidon: «Que je grimpe, que je fasse surface, que je sois repêché, que l'on me jette au fond de la chaloupe et qu'on m'assomme avec la rame, une fois pour toutes!»

Y a pas à dire: elle sait écrire, la petite mère, quand tel spectre l'en empêche ou que tel autre l'en supplie et que ses démons la défient et que je suis ailleurs que là tout à la fois. On croirait pas, en la lisant, le collier d'excuses qu'elle peut vous enfiler dans le cul comme autant de perles rares avant de le retirer d'un coup sec, juste pour ne pas écrire.

Bien certain, ça ajoute au plaisir, d'avoir à sévir en fin de compte. Au plaisir, et au danger. Celui, parmi plusieurs, de me lasser à force de lui expliquer ce qu'elle sait déjà depuis avant qu'on se connaisse, soit: ce qu'est la littérature, la place qui lui revient dans ma zone, les devoirs qu'elle engendre et la ligne au-delà de laquelle je n'en discute pas davantage.

Et donc, je crois qu'aujourd'hui elle écrira. Que moi aussi. Que nous devons chaque jour lire ou écrire ou dessiner quelque chose au même chef que nous faisons l'amour et entretenons nos maisons et mangeons: pas de défaites, pas de ratiocinations, pas de faux-fuyants qui tiennent: vivre, s'aimer, créer comme axe tridirectionnel de notre histoire. Je n'attends pas d'elle ce qui est exigé de moi: mon métier n'est pas le sien. Mais le sien n'est pas ce à quoi nous avons communié; nous n'en partageons ni le langage, ni les silences éloquents. Notre contrat repose sur l'art et ce qu'il cimente entre deux sensibilités, deux perceptions soeurs, deux conceptions voisines; notre baiser scelle une entente esthétique et une entente éthique. Je préfère me priver de la sauter que me priver de la lire: c'est énormément dire, si vous saviez. Je veux jouir de son esprit comme je jouis de son corps et je ne barguignerai pas sur ce chapitre, cette inestimable marchandise, tous ces fruits juteux qui mûrissent en elle dans le verger de sa cervelle.

17.7.04

Cassonade et vin suisse

Faulkner est monté hier avec un vinier offert par un obscur chanteur de l'helvète underground. Puis, avec Sophie, on s'est livrés aux exquis, aux ineffables arcanes de la consolation. Pendant ce temps, là-haut, CGDR se remettait péniblement d'une nuit d'écriture avec Éric Lapointe.

16.7.04

Neverending story

Boudin, orgueil, frousse et territorialité: finalement, c'est une histoire ordinaire. Et ancienne. J'ai horreur des histoires ordinaires et anciennes. Been there, done that. Vais faire une sieste.

Trouble in paradise

Me suis chicané avec ma souveraine soyeuse pour une brosse à dents et un parapluie.

15.7.04

Royaume

J'aimerais pouvoir écrire que j'avance péniblement dans mon roman, mais ce serait un damné mensonge. Je n'avance pas du tout, et c'est loin d'être pénible. L'été se passe entre un ventilateur qui me souffle dans le cou et Sophie qui m'insuffle la vie. Ève et Adam au paradis, dégustant des nectarines et du bleu danois entre deux plongées profondes au royaume de la Connaissance.

12.7.04

La part du lion

Maxime Catellier me fait l'honneur de me dédier un puissant poème.

La part du lion


À C.M.

La fatigue est la cadence du vampire

obus du trouble à contre-pleur
la marge sent la viande
les fées noires tendres
tailleuses
du requin dans la gorge
Malaxeur

un prince fou dévore
dans sa patte un génie s'étripant
presque roi
toi ton château l'ombre flagelle en somme
le coeur tremblant des mesures saignées
le piano droit des formes

quand irons-nous chanter en pleurant
dans les cercles où chasser n'a plus de nom
dans les nuits perpétuelles dans les nuits bues?

Perles, cuvée 2004

Comme chaque année à cette époque, Claude André m'envoie les perles collectionnées parmi les réponses aux examens du Bac sur tout le territoire de la France. Voici les meilleures:

Les égyptiens transformaient les morts en momies pour les garder vivants;

Les amazones étaient comme des femmes, mais encore plus méchantes;

Les empereurs organisaient des combats de radiateurs;

César poursuivit les gaulois jusqu'à Alesia car Vercingetorix avait toujours la gaule;

Clovis mourut à la fin de sa vie;

Charlemagne se fit chatrer en l'an 800;

Les mauvais elèves étaient souvent décapités;

Quand les paysans avaient payé leurs impôts, ça leur faisait un gros trou aux bourses;

La mortalité infantile était très élevée, sauf chez les vieillards;

Les enfants naissaient souvent en bas âge;

Jeanne d'Arc n'aimait pas trop qu'on la traite de pucelle;

L'armistice est une guerre qui se finit tous les ans le 11 novembre;

Les nuages les plus chargés de pluie sont les gros cunnilingus;

Les américains vont souvent à la messe car les protestants sont très catholiques;

La Chine est le pays le plus peuplé avec un milliard d'habitants au km carré;

Pour mieux conserver la glace, il faut la geler;

Le passage de l'état solide à l'état liquide est la niquéfaction;

Un kilo de mercure pèse pratiquement une tonne;

La climatisation est un chauffage froid avec du gaz, sauf que c'est le contraire;

Autrefois les chinois n'avaient pas d'ordinateur car ils comptaient avec leurs boules;

Les fables de La Fontaine sont si anciennes qu'on ignore le nom de l'auteur;

Les français sont de bons écrivains car ils gagnent souvent le prix Goncourt;

Les peintres les plus célèbres sont Mickey l'ange et le homard de Vinci;

Le chien, en remuant la queue, exprime ses sentiments comme l'homme;

Les lapins ont tendance à se reproduire à la vitesse du son;

Pour faire des oeufs, la poule doit être fermentée par un coq;

Grâce à la structure de son oeil, un aigle est capable de lire un journal à 1400 mètres;

Les calmars géants saisissent leurs proies entre leurs gigantesques testicules;

Les escargots sont tous des homosexuels;

L'artichaut est constitué de feuilles et de poils touffus plantés dans son derrière;

Le cerveau des femmes s'appelle la cervelle;

Après un accident de voiture, on peut être handicapé du moteur...


Sarah, la compagne de Claude, jamais en reste, m'envoie cette bonne blague:

Le petit Sylvain vient de se faire prendre par son papa en train de boire de l'alcool en cachette. Le papa a décidé de lui faire une leçon de morale. Il entraîne Sylvain dans le jardin, emmenant avec lui un verre de whisky et un verre d'eau. Il prend un ver de terre et le laisse tomber dans l'alcool. Puis il prend un autre ver et le laisse tomber dans l'eau. Le lombric dans l'eau reste vivant alors que celui du whisky se tord sur lui-même quelques instants et meurt. A la fin de l'expérience, le papa demande :
- Alors Sylvain, quelle leçon tires-tu de ce que je viens de te montrer ?
Et Sylvain lui répond fort justement :
- Heu, ça montre que quand on boit de l'alcool, on ne risque pas d'avoir des vers...

9.7.04

Prolégomènes à ma poésie pour toi

Ton cul, mon coeur, ton cuistre
Étendu pour le compte,
Après que tu l’aies bouché
Si superbement,
L’embrasse.

Quand j’emplis le palais de tes joues,
Tu m’avales en réfléchissant...

Tu m’as mouché, j’en suis content
(toi et le grand Petit Robert);
J’en suis si fier, c’en est marrant :
Je te sens prête à recevoir.
Je sais qu’on va enfin pouvoir
Parler de prose et progresser.

7.7.04

Second début, enfin

Elle est venue se reposer ici, on a dormi ensemble pour la première fois. Considérant qu'on est amants depuis novembre, ça stupéfie. On fait ça de la même façon, en souveraineté-association: un oreiller sous le bras en guise de toutou.

6.7.04

Renouveau

Lundi midi, c'est life as usual, quelques heures plus tard la vie bascule. Ce soir, Kevin repeint le Bunker, je dépoussière mes livres et mes bibelots et Sakurako se repose dans ses nouveaux pénates du Vieux-Montréal, que nous avons baptisés jusqu'à l'aube.

3.7.04

Devoir

Michel Lapierre souligne avec éclat la parution de Vortex Violet chez Boréal, en une du Cahier Livres du Devoir ce week-end.

L'UNEQ et moi

De façon triplement atypique, j'ai attendu trois semaines avant d'envoyer la lettre qui suit, et j'ai consulté des gens, et je la publie.

Montréal, le 9 juin 2004

M. Pierre LAVOIE
Directeur général
UNEQ

Objet : votre troisième et dernier avis de renouvellement de cotisation, en date du 1er juin courant.


Monsieur,

Ayant beaucoup réfléchi, pesé, tergiversé, j’en suis venu à décider de ne pas renouveler mon adhésion à l’UNEQ cette année.

Cette expérience, à laquelle j’ai attendu douze ans après ma première publication professionnelle pour me prêter, aura duré le temps de deux cotisations. Je suis devenu membre pour un an parce que j’avais perdu un pari avec un vieil ami que je respecte infiniment. Je le suis demeuré une autre année pour preuve de ma bonne foi.

Franchement, je me sentais aussi, je me sens toujours une façon de dette envers les fondateurs de l’UNEQ : leurs revendications, les acquis arrachés de haute lutte comme par exemple le contrat-type ou le droit du prêt public, m’ont facilité la vie. C’est pourquoi je me suis toujours rendu disponible, membre ou pas : ainsi lors de l’inauguration de la Maison des Écrivains.

Mais le fait est que je ne me sens guère à mon aise dans cette structure de discours collectif. J’ai été choyé, si l’on veut : ma carrière s’est déroulée de telle manière que mes livres et leur auteur n’ont jamais manqué de reconnaissance ni d’influence, celle-là même qui permet de négocier fermement et de faire respecter ses droits. L’idée que des écrivains moins bien servis puissent voir d’un mauvais oeil que je bénéficie en plus de leur activisme solidaire m’est pénible. Par ailleurs, la dernière assemblée générale m’a confirmé dans mon malaise : on y a vu lutter toute seule une auteure régionale peu connue, qui revint bravement par trois fois au micro pour solliciter le concours de SON syndicat, chaque fois rabrouée, chaque fois enterrée par les arguties aiguisées d’un poète rompu aux arcanes du code Morin. Cette auteure n’en revenait pas : elle croyait vraiment que son cas particulier recevrait le soutien naturel de ses pairs.

Il était clair qu’elle, bien que démunie de chacun des moyens dont je dispose (notoriété, accès facile et régulier aux éditeurs et aux médias littéraires métropolitains, présence sur Internet, ambition agressive, illusions à néant et un certain talent inné pour la mythomanie), il ressortait clairement, dis-je, qu’elle n’avait pas là sa place. Tout comme moi et pour la même raison, au fond, puisque nous étions équidistants du centre, du noyau dur de l’UNEQ, dont nous ignorions tous deux de quoi au juste il était fait.

Au party d’huîtres, il y a deux ans, je me suis fait une chère amie et j’ai renoué, approfondi mes liens avec des camarades, et ce seul soir valait largement le montant de la cotisation. Le livret rose orangé sur la négociation du contrat, ça aussi, j’étais content de payer pour. Le maintien du site L’ÎLE m’apparaissait comme une chose bonne et utile, même si je grimaçais au fait que nous n’ayons pas accès aux documents à vendre nous concernant.

Maintenant, outre qu’il n’y a plus de party d’huîtres et que le coût du livret est amorti, je constate que l’ÎLE n’est guère plus qu’une coquille vide : à cette adresse, un lecteur curieux ne trouvera rien sur moi qui ressemble à un dossier de presse, pas même un renvoi à mon propre site officiel ni à mon blog, lesquels comblent cette lacune à mes frais.

Je me suis porté volontaire pour contribuer au comité sur la liberté d’expression, mais on n’a pas cru bon recourir à mes lumières. Je ne le mentionne que pour éviter qu’on assimile la présente aux récriminations de quelqu’un qui voudrait tout recevoir sans rien apporter en retour. Le fait est que je ne suis pas amer, que mes raisons sont celles-là sans plus, sinon aussi celle de l’argent : être à l’aise, j’aurais rempilé sans rouspéter, mais ma situation actuelle me force à faire des choix quand il est question de 101,23$, et je ne suis pas autrement fâché que ma gêne financière m’ait forcé à me pencher sur les considérations qui précèdent.

Enfin, votre lettre se termine sur l’espoir que je continuerai «de faire partie de la grande famille des écrivaines et des écrivains québécois», juste après le rappel du montant de ma cotisation en souffrance, ce qui me touche et m’offre la joie de vous rassurer sur ce point : je compte bien continuer, que mon nom figure ou non à l’annuaire de l’Union, en formulant le voeu fervent que d’aucuns persisteront à me reconnaître cette qualité en dépit de mon apostasie.

Cordial et allié de coeur,



Christian MISTRAL




c.c. Bruno ROY, président.

Wild one

Brando mort, qui reste-t-il d'aussi vaste et dément, d'aussi puissamment original et personnel pour toute la durée du combat? De Niro et Depardieu tournent trop, tournent tout, Pacino n'en peut plus, Gabriel Arcand ne tourne pas ou si peu et si tard. Brando mort, je mesure toute la distance entre le monde du Tramway nommé Désir et le nôtre: dans l'un, Blanche DuBois est une curiosité fragile, dans l'autre, elle est la norme implacable, et on peut se réjouir que les Stanley Kowalskis épais et monstrueux tels que décrits par Tennessee Williams soient en voie de disparition, mais on peut aussi s'affliger que le Stanley sensible et dur tel qu'incarné par Brando n'ait pas fait davantage de petits. Un monde empli de Blanche DuBois est un asile d'aliénés. Un monde privé de Marlon Brandos est une froide machine à feindre l'aliénation. Pour n'avoir pas pu se résigner à ce que le cinéma le rende étranger à lui-même, il demeurera une sorte de fou dans le souvenir des siècles.

1.7.04

Le rat dans la bergerie

Avant de répondre à ceux qui veulent savoir si j'écrirai sur des sujets politiques, j'attends qu'on me dise si la loi sur la littérature haineuse s'applique à Stéphane Dion. Qu'on m'accuse de couardise si l'on veut, mais le fait est que mes affaires vont plutôt bien ces temps-ci et qu'avant de traiter publiquement quelqu'un de mangeux de graine, de licheux de cul, de courtisan castrat invertébré, d'homuncule et de crachat sur la face de la Création et de larbin pervers et de pustule sur la peau de la Terre, je préfère prendre quelques précautions élémentaires.

30.6.04

Side lines...

Ce qui m'inspire confiance en l'avenir littéraire de notre culture, c'est que la nouvelle mouture d'écrivains ne se planque pas dans l'enseignement pour gagner sa croûte. Catellier, poète et critique pigiste, vend des légumes à l'ombre d'une strophe de Gérald Godin. Vigneau repeint des bureaux de poste. Vigneault sert de la gnôle. Et Marie Hélène Poitras, romancière et journaliste pigiste, est cochère. Cochère!

Elle m'écrit: Je suis passée très vite à vélo à côté de toi toute à l'heure, j'avais rendez-vous, puis ensuite je me suis dit que j'aurais du arrêter au moins pour te dire que là, les lundis, dans le Vieux-Montréal en calèche, je conduis un petit trotteur américain, il est tout petit mais c'est le plus rapide et il a un ego hallucinant, il veut pas qu'on le dépasse, que ça soit un cheval ou un truck, ça le met en crisse on dirait, et quand on est pris sur une rouge, il danse sur place, comme s'il attendait le signal du début de la course, c'est mon préféré, il me donne des montées d'adrénaline, et si tu te pointes en fin de journée, vers 19h45-20h, je peux te ramener jusqu'à l'écurie, un lieu inspirant et glauque, sombre, avec des chiens méchants, des roulottes, des chats effrayés, des mauvais esprits pris dans les poutres du garage, un lieu infect qu'il vaut la peine d'arpenter.

Si je rate ce coche-là, je suis celui qui n'est pas assis à l'orchestre quand on fait danser les couillons. Les lieux, je les ai toujours visités d'abord, romancés ensuite. C'est la première fois qu'un écrivain m'offre de mettre les pieds dans un endroit esthétisé a priori.

29.6.04

Parlons Net

L'embargo est levé sur le bref entretien que j'ai accordé à OldCola à propos de la pratique du blog.

La paix du castor

Visionnant une copie piratée de Fahrenheit 9/11, mon fils de 22 ans en sécurité à mes côtés, contemplant ces petits gars tués ou estropiés pour enrichir une poignée de vieux salopards qui lèchent leur peigne avant de carder leurs cheveux gris, je me suis surpris, nonobstant l'issue des élections fédérales, à me réjouir d'être né en Canada.

28.6.04

Timbré

Retour au patch. Tanné de tousser. Crainte de crever avant que le bonheur me trouve.

24.6.04

CIBL

Suis resté en ville plutôt qu'accompagner Kevin et la bande dans un chalet dégotté par Eddy. Ils ont dû danser comme des païens jusqu'à l'aube autour d'un feu de joie. Mais j'ai déjà trop remis mon passage à CIBL. Cet après-midi, seize heures, je discuterai de Fontes avec François Lemay.

23.6.04

Conformisme

Le type montant dans l'ascenseur du building avec moi, l'air gêné: «Je veux pas me coucher tard parce que je travaille à six heures demain matin...» Je ne le connais ni des lèvres ni des dents.

Ça m'a pris dix minutes pour figurer pourquoi il m'avait dit ça. C'était l'embarras de n'être pas dehors avec le reste du peuple à fêter la Saint-Jean. L'embarras d'être surpris à rentrer au lieu de sortir. S'imaginait que je le condamnais. Réminiscences du troisième Reich.

Controversiou

Je termine une séance de photos avec Pedro Ruiz pour la une du Cahier Livres du Devoir du 3 juillet. A transformé le Bunker en studio. Immigrant récent, sympathique et touchant. «Pourquoi on dit vous écrivain controversiou?»

20.6.04

Avec un parapluie...

Pour écrire Sylvia au bout du rouleau ivre, juste avant Vamp, je m'étais fortement inspiré du format et de la structure d'un magnifique petit livre, Voyage en Irlande avec un parapluie, signé Louis Gauthier, un auteur que je n'imaginais pas alors rencontrer un jour, encore moins qu'il deviendrait un ami. Hier, après toutes ces années, quand Louis est venu me chercher avec sa Volks maganée, je suis resté stupéfait de découvrir, sur le plancher du côté passager, un parapluie...

On descendait à Trois-Rivières. Là, au bar Zenob, Réjean Bonenfant avait organisé une soirée Tape dans le dos pour Guy Marchamps, dont la librairie de livres d'occasion, baptisée Histoire sans fin, déclarait forfait après six ans d'encre rouge.

Ç'a été une chouette émouvante petite soirée. J'ai lu l'extrait de Vautour qui met en scène GM sous le nom de Guillaume Arcand. Judith Cowan a livré deux pages, traduites par ses soins, tirées du dernier livre qu'elle a acheté chez Guy: un recueil de récits publié en Inde dont l'un portait sur un libraire qui ne vend rien. Bonenfant avait conservé des écrits de son ancien élève, dont un vigoureux poème rédigé sur un rouleau de papier-cul. Daoust a lu un manifeste poétique et chanté Going to the Ritz en amorçant un effeuillage. Boisvert m'a rappelé sur scène pour lire avec lui son texte en croisé. Quelqu'un a donné, de Marchamps, le merveilleux Poème d'amour à l'humanité.

Le plus romanesque, le pas croyable, c'est quand cette jeune femme s'est amenée au micro, son bébé de trois mois buvant sec à son sein. Bar ouvert. La jeune femme a expliqué comment elle avait rencontré le père à la librairie, trois ans plus tôt. Lui, cependant, prenait des photos de nous tous. S'appelle Michel. A lu au micro à son tour, annonçant qu'il reprendrait le fond dans un sous-sol trifluvien. Y en aura d'autres plus jeunes plus fous pour faire danser les bougalous!

Vers une heure du matin, juste avant de rentrer à Montréal, Louis et moi sommes repassés par la librairie. Guy y était, errant à la lueur d'une veilleuse, avec Hélène Gauvin qui retenait ses larmes. Ça sentait bon le tabac à pipe et le papier vieux.

17.6.04

Racine

Beau texte de Tristan Malavoy-Racine sur Fontes dans le Voir d'aujourd'hui. Et parution du second chapitre de Goth dans le Ici.

16.6.04

Beau fou

Antoine, ce beau fou, a coupé dans son budget de Guinness pour me réserver un nom de domaine. christianmistral.com est désormais en ligne, de même que christianmistral.com/blog. Bref, j'ai été proprement et gentiment dotcomisé par un Grec apportant des cadeaux. Merci, brother.

15.6.04

Stand by

Je me suis toujours promis de ne pas devenir l'un de ces blogueurs qui se lamentent publiquement sur leurs aléas de serveurs (Vidéotron). Là, ça rase...

Sois patiente, ma Tribu magnifique et bien-aimée: nos affaires vont bientôt s'arranger. D'ici là, j'ai patenté ce lieu de fortune avec de la colle, de la ficelle, du carton et de la gomme balloune.

14.6.04

Info

I really don’t feel so good and I’m not quite sure why. It’ll pass, it always does. It’s as if my chemical balance was all fucked up. I’m sad all the time and I’m mean like a starving chained dog. I see K & C being so happy together and taking care of me after I took care of them and I get mad at you and me for being apart, and then I don’t care, and I worry about stupid things, careerwise, and I’m depressed because I pedal in oil and peddle in art, all that jazz, life leaves a bad taste in my mouth these days, that’s all, nothing more. So I guess what I want to say is: I love you, of course, but I’m not good for much these days, I don’t care about shit and I hope you’re OK.